Néonicotinoïdes : notre position

Les cultures de betterave subissent une épidémie de jaunisse sans précédent liée à la prolifération de pucerons dans un contexte climatique de sécheresse. Dans certaines régions, la totalité des champs sont désormais touchés par la maladie. La situation est particulièrement inquiétante avec des baisses de rendement de 30 à 50%. Avec le réchauffement climatique, une telle situation va probablement devenir la norme.

Notre position

Les cultures de betterave subissent une épidémie de jaunisse sans précédent liée à la prolifération de pucerons dans un contexte climatique de sécheresse. Dans certaines régions, la totalité des champs sont désormais touchés par la maladie. La situation est particulièrement inquiétante avec des baisses de rendement de 30 à 50%. Avec le réchauffement climatique, une telle situation va probablement devenir la norme.

 

En cause : l’interdiction brutale des néonicotinoïdes fin 2018 par l’Union européenne, sans aucune période de transition permettant de développer des solutions alternatives et sans prise en compte des spécificités de la culture de la betterave, qui est récoltée avant floraison. Les planteurs de betteraves ont tenté des solutions de substitution mais elles s’avèrent malheureusement totalement inefficaces. Des recherches sont en cours pour trouver des alternatives mais cela prend du temps.

Il y a pourtant urgence, car c’est aujourd’hui que tout se joue. Sans solution de protection des plantes efficace, c’est toute la filière betteravière française que l’on condamne et la souveraineté française que l’on brade :

 

Nous saluons donc l’annonce par le gouvernement d’un plan de soutien gouvernemental à la filière. L’utilisation des néonicotinoïdes en prévention de la jaunisse de la betterave reste une solution temporaire, encadrée par des conditions strictes afin de limiter tout impact pour l’environnement et les pollinisateurs, dans l’attente de développer des solutions alternatives efficaces et durables.

Il ne s’agit pas pour nous de remettre en question l’indispensable transition écologique. Il s’agit de permettre à la filière sucre d’être l’actrice de cette transition et non la victime impuissante.

 

En détails

Virus de la jaunisse

La jaunisse est une maladie virale de la betterave inoculée par les pucerons. Elle provoque une chlorose des feuilles, perturbant la photosynthèse et conduisant au dépérissement de la betterave.

 

Utilisation de néonicotinoïdes pour combattre le virus de la jaunisse de la betterave

Les néonicotinoïdes permettent de limiter les invasions de pucerons. Ils sont utilisés en très faible quantité et dans un temps limité dans l’enrobage des semences de betterave. Cette technologie novatrice, mise au point dans les années 1990, s’est avérée à la fois efficace pour la prévention de la jaunisse et performante pour l’environnement. Elle a en effet permis de réduire considérablement les quantités de produits de traitements utilisés en ciblant au plus près de chaque semence la juste dose nécessaire pour contenir les pucerons en attendant l’arrivée au printemps d’insectes auxiliaires. Les néonicotinoïdes contenus dans l’enrobage de la semence sont progressivement absorbés par la plante, qui se trouve ainsi protégée durant 60 jours, soit jusqu’à la couverture du sol par les premières feuilles de la betterave. Les éventuels pucerons qui arrivent sur les betteraves à ce stade (fin mai) verront alors leur développement limité par les insectes auxiliaires présents en cette période plus chaude. La transmission tardive de la jaunisse n’a de ce fait que peu de conséquence.

 

La betterave est une plante bisannuelle qui ne fleurit que la 2ème année. Cultivée pour le contenu en sucre de sa racine, la betterave est récoltée au cours de sa première année de croissance, bien avant la floraison. Pendant cette période, elle ne produit ni pollen ni nectar et n’attire pas les abeilles ou autres pollinisateurs.

 

Les alternatives actuelles moins performantes et moins vertueuses en terme environnemental

La jaunisse est une maladie grave qui peut avoir des conséquences désastreuses sur les rendements de la betterave. C’est typiquement le cas en 2020, où la virose de la jaunisse dans les parcelles est sans précédent, avec des pertes de rendement estimées entre 30 et 50% selon les régions.

 

L’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes a conduit les agriculteurs à utiliser des solutions alternatives en 2020. Il s’agit principalement d’insecticides d’ancienne génération appliqués en pulvérisation. Mais malgré des doses cumulées presque 3 fois supérieures à celles des néonicotinoïdes, du fait de la répétition des interventions, aucun des traitements alternatifs appliqués en 2020 n’a démontré une quelconque efficacité à moyen/long terme.

 

En comparaison, les néonicotinoïdes utilisés exclusivement en enrobage de semences comportent plusieurs avantages :

 

Une filière en danger

La culture de la betterave, déjà fragilisée par des prix de marché en tension depuis 2017, risque de disparaitre sans solution alternative efficace pour lutter contre cette maladie.

 

Or, la disparition de la culture de la betterave entrainerait la disparition irréversible de l’industrie sucrière sur le territoire. C’est donc toute la filière sucre/alcool/biocarburants française qui disparaitrait, de même que les pulpes déshydratées pour l’alimentation animale et les déshydratations de luzerne (culture dépendante de l’irrigation apportée par l’eau issue de la transformation industrielle des betteraves).

 

Indirectement, cela entrainerait en conséquence la disparition de la culture de la luzerne, plante à fleur très prisée par les abeilles.

 

Dérogation temporaire et recherche d’alternatives

Le Ministère de l’Agriculture envisage la mise en place d’une dérogation transitoire de 2 ans pour l’utilisation de néonicotinoïdes en culture de betteraves.

 

Cette solution fait consensus pour l’ensemble de la profession betteravière, qui s’engage :

 

 

Les semenciers, l’Institut Technique de la Betterave (ITB) et l’INRAe vont accroître leurs efforts de recherche de solutions plus durables, en particulier dans le domaine de la résistance variétale. Le gouvernement français mobiliserait également 5 millions d’euros afin de contribuer à la recherche de solutions alternatives efficaces.